Reconnaissance faciale: la GRC a agi de manière illégale.

La Gendarmerie Royale du Canada (GRC) a agi de façon illégale en utilisant les services de reconnaissance faciale offerts par la compagnie Clearview AI. C’est le constat auquel est arrivé le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada dans un rapport déposé aujourd’hui au parlement.

Cette compagnie offre un service de reconnaissance faciale principalement utilisé par les autorités policières. En février 2020, le Commissariat à la protection de la vie privée a lancé une enquête sur la collecte d’image par cette compagnie. Ils ont constaté que l’entreprise contrevenait à la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE).

Puisque la collecte de données par Clearview AI contrevient à la loi, le Commissariat est arrivé à la conclusion que l’utilisation de ces données par la GRC contrevient elle aussi à la loi.

Selon un article publié dans le New York Times, le fondateur Hoan Ton-That a commencé à recruter des programmeurs en 2016. L’entrepreneur a constitué une base de données en utilisant la technique du « web scraping ». Cette technique utilise un programme qui va chercher et sauvegarder automatiquement des photos accessibles sur Internet. Leur programme récoltait des photos et des informations sur une foule de sites Web ainsi que sur les médias sociaux tel que Facebook, YouTube, Instagram et autres. C’est avec cette immense masse de données que Clearview AI a créé son algorithme de reconnaissance faciale.

La GRC a d’abord nié utiliser les services de cette compagnie. Dans le rapport publié sur le site du Commissariat, on peut lire qu’« après qu’on eut signalé le vol de la liste des clients de Clearview en février 2020, liste dont faisait partie la GRC, celle-ci a alors révélé publiquement, et au Commissariat, qu’elle avait en fait utilisé des renseignements personnels recueillis de Clearview dans le cadre d’enquêtes. » Selon le rapport déposé aujourd’hui, la GRC « a effectué des centaines de recherches au moyen de la [technique de reconnaissance faciale] de Clearview par l’entremise d’au moins 19 comptes. »

Clearview AI a cessé d’offrir ses services au Canada en juillet 2020.

Le Commissariat a recommandé que soit engagé un « dialogue avec le Commissariat et d’autres organismes de réglementation de la protection de la vie privée sur les questions entourant l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale. »

Dans ce but, le Commissariat a lancé un avis de consultation « sur la protection de la vie privée à l’intention des services de police relativement au recours à la reconnaissance faciale ». Il est possible d’envoyer ses observations jusqu’au 15 octobre 2021.

Crédit photo: Facial Recognition par Mike MacKenzie, CC BY 2.0

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Publié par

Sam Harper

Il y a quelques années, j’ai troqué le stéthoscope pour le clavier. Journaliste indépendant et programmeur passionné par la cybersécurité, j’écris des mots et du code. Je m’intéresse particulièrement aux enjeux politiques et sociaux qui entourent les algorithmes. Vous pouvez me rejoindre à samharper[a]acetum[point]ca