Il y a six ans, Crypto.Québec naissait dans la tête de deux passionnés de technologie, de politique, de renseignement et de sécurité informatique.
Trois années plus tard, nous nous étions constitués en organisme à but non-lucratif, nous avions un podcast hebdomadaire que nous avons publié pendant presque 90 semaines, nous avons donnés des centaines d’entrevues et de formations et nous avions publié collectivement un livre: « On vous voit : comment se protéger des malveillants sur Internet« .
C’est alors que les cofondateurs ont décidés de prendre un peu de recul et laisser l’organisme aux mains des bénévoles qui avaient joint l’aventure depuis quelques années. C’était le début d’un nouveau chapitre. Celui-ci a duré pendant deux années. Puis, vers la fin de 2020, l’organisme est arrivé à la croisée d’autres chemins, et nous avons choisi de revoir nos stratégies tout en gardant la même mission.
Le monde dans lequel nous évoluons en 2021 est bien différent de celui de 2015. À l’époque, les fuites de données n’étaient pas monnaie courante. Il y avait alors beaucoup moins d’experts en sécurité de l’information qui prenaient publiquement la parole et encore moins de vulgarisation sur les enjeux technologiques d’un point de vue sociopolitique. Bien que cela faisait deux années que Snowden était sorti publiquement, les québécois et les canadiens se croyaient bien détachés de toute cette réalité américaine. Pourtant. Déjà nous étions la cible d’attaques de la part d’acteurs internationaux malicieux et déjà des milliers de systèmes se faisaient compromettre chaque jour au pays.
Puis il y a eu Ashley Madison, Equifax, Desjardins, etc. Les experts en sécurité informatique ont commencé à se faire plus présents et accessibles. Des organismes spécialisés en cybersécurité se sont fait plus présents. Bien que nous soyons toujours disponibles pour vulgariser les enjeux en lien avec la sécurité informatique, nous constations que la cavalerie était arrivée et que le Québec était entre de bonnes mains.
Et la COVID-19 est arrivée. Et les confinements. Et le besoin de contrôler les mouvements des citoyens. Et la restriction des libertés individuelles.
Les autorités ont utilisé le traçage de la géolocalisation à leur insu de citoyens pour les arrêter. Des applications ont été développées et ont été poussées par les autorités afin d’inciter les citoyens à installer ces applications sur leurs cellulaires. Des applications développées et publiées à coût de millions de dollars. Le plus décevant, c’est que cela s’est fait en partie avec l’aide d’organismes qui disent pourtant être des « chiens de garde » de la protection de la vie privée. Or, personne n’a soulevé les enjeux sociopolitiques plus larges. Nous n’avons entendu parler que des enjeux techniques.
Aucune discussion de fond n’a eu lieu.
Et hier, nous avons appris que le gouvernement canadien cherchait à mettre en place un pare-feu à la longueur du pays.
Bref. Nous arrivons à la conclusion que notre rôle dans le paysage québécois et canadien a changé.
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C’est pourquoi nous sommes fiers d’annoncer que dans ce nouveau Chapitre, au-delà de la vulgarisation d’enjeux technologiques et techniques, Crypto.Québec cherchera particulièrement à soulever les enjeux sociopolitiques, éthiques et philosophiques derrière la technologie. Nous avons également entièrement une nouvelle équipe. Nous chercherons plutôt à devenir un agrégateur des sujets en lien avec la technologie dans le but de parler des liens qui les unissent et des dangereuses tendances qui se dessinent, plutôt que d’aborder techniquement chacune de ces nouvelles ou de ces enjeux. Pour y arriver, nous allons chercher à soutenir et rassembler toutes les autres initiatives en sécurité de l’information / technologie et de maintenir la pression auprès des différents gouvernements, élus et autres institutions. L’objectif est de faire front commun sur les enjeux importants, le plus souvent possible.
Bien que nous soyons toujours disponibles pour répondre à vos questions techniques, nous allons vous rediriger vers des ressources que nous considérons expertes.
Finalement, nous allons recruter beaucoup de bénévoles, plus particulièrement en communication, en science politique et en philosophie. Évidemment, les gens intéressés par l’organisation et étant étudiants ou travaillant en sécurité de l’information ou en informatique / développement / génie sont toujours les bienvenus et nous aurons définivement, aussi, besoin d’aide technique.
Sur ce, restez vigilants et n’hésitez pas à nous contacter pour toute question ou commentaire.